JUST A BEAUTIFUL LIAR
Leven Nyle Doyle.Un accident, sans aucun doute. Sa venue au monde n'a jamais été désirée et quand il fut là tout de même. Son existence n'a véritablement su être appréciée.
Nelly Moreno et Murphy Doyle n'avaient d'affection et de priorité que leur staffordshire, Bully et leur éventail varié et divers d'opiacés. Il a reçu l'indifférence et la violence de ce monde aux prémices de ces premiers jours et le temps n'avait pas le luxe de pouvoir panser ses plaies. Son cuir, un palimpseste visible de ses souffrances. Personne ne s'est jamais alerté de ce traitement et lui, il a bien fini par croire que cela faisait simplement parti de la normalité. Personne ne se souciait vraiment s'il mangeait, si ses plaies n'étaient pas infectées. S'il se rendait bien à l'école toutes les mâtinées. Leven n'a raté de jour d'école seulement quand sa santé ne le lui permettait. Il aimait cette possibilité de s'évader, de rencontrer, de découvrir mais surtout de se perdre le corps et l'être entier dans des bouquins plus qu’abimés. Une fenêtre vers une liberté qu'il savait apprécié.
Il n’avait jamais envie de rentrer à la maison. Ce, même si certains plus grands du quartier se gardaient Leven en pâture. Il lui ai arrivé tant de fois de rentrer chez lui encore plus esquinté qu’il l’avait quitté. Mais encore une fois, il n’y avait personne pour s’en soucier. Mais s’il tentait tout de même de les cacher, c’était bien pour ne pas se prendre une énième correction par dessus. Murphy lui rappelait qu’il avait de la chance qu’il prenne le temps de l’éduquer. Un homme, ça ne se fait pas tabasser. Ça ne pleurniche jamais.
Mais une femme, pour lui, cela ne présente pas un problème. Leven n’a qu’à levé ses billes céruléennes vers sa génitrice pour s’en assurer. Murphy ne l’a jamais pris en pitié.
Mais il aurait échangé n’importe quelle correction, punition contre la "tendresse" de ses parents. Leurs mains qui forçaient caresses sur sa chair tuméfiée. Mais même ça, il l’aurait échangé contre l’organe de son père qui le pénétrait. Il a commencé par sa bouche, parce qu’il l’aimait sa bouche. Rose et pulpeuse même à son jeune âge.
Puis ça a été… pire. Son corps n’était plus sien mais à son père de posséder.
Peut-être que ce sont les prières qu’on le forçait à faire qui l’a précipité. Du moins, c’est ce qu’il lui est arrivé de penser quand il a atterri chez Madame Alma, la matronne de la maison d’accueil où il avait été placé. Un endroit surpeuplé d’enfants et bruyant où il devait suer pour avoir la chance de manger ou même de rester sous ce toit. On lui a dit que son père avait été assassiné pour avoir oser perdre ce qu’il ne lui appartenait. Que sa mère avait eu la chance d’y échapper mais qu’elle serait emprisonnée pour s’être fait arrêter avec toute la drogue qu’elle transportait. Madame Alma le lui a dit parce qu’elle estimait qu’il était assez grand pour comprendre ce que cela signifiait. A treize ans, il comprenait qu’il ne verrait plus jamais ses parents. Et triste, il ne l’était pas vraiment. Parce qu’il avait échappé au pire, c’était son sentiment.
Naïvement. Il fini surtout par comprendre que ça n’était que le commencement.
14 ans + Ce qui a commencé comme de simples corvées ménagères ont lentement évoluer en d’autres services. Mais ça ne le dérangeait pas de s’atteler aux fourneaux, ni de s’occuper des gamins perdus plus jeunes que lui. Madame Alma, cependant, n’a su se satisfaire bien longtemps de ça. Dégoûté, face à son propre reflet. Peut-être que s’il avait été moins agréable à regarder, il y aurait échappé. Mais il y avait bien longtemps que Madame Alma n’avait plus été invitée à passer ses nuits dans le lit d’autrui. Esseulée et affamée, elle n’a trouvé que lui à croquer. Pourquoi, Lui ? Il aimerait pouvoir l’expliquer.
Il finit par prendre la fuite. Ses maigres possessions dans son unique poche pas trouée. Préférant la précaire liberté que lui offrait la rue. Et après quelques semaines dehors où dans les quelques abris qu’il pouvait trouver, Leven était à deux doigts d’y retourner. Contraint de retourner les poubelles pour manger, parfois même de voler. Subissant une hygiène de vie de plus en plus à déplorer. Sans le sous, les jours de plus en plus frais… Leven ne pouvait pas y retourner… Alors il a réfléchi et comprit qu’il avait bien une chose à marchander pour conserver cet illusion de liberté. Il ne pensait pas que ça serait si facile de trouver preneur pour ce qu’il avait à offrir. Même si l’expérience parlait d’elle-même.
Murphy Doyle puis Madame Alma. Ils n’étaient que les prémices de son histoire.
Quelques pipes, il s’était naïvement donné cette limite. A croire que ses clients en avaient quelque chose à faire. A croire qu’ils hésiteraient à prendre ce pour quoi ils avaient payé. Leven s’était bien sûre, encore une fois fourvoyé.
Mais il a pu manger. Parfois, il a même pu économiser pour s’offrir un toit pour la nuit. Pour s’offrir une brosse à dent, du dentifrice et quelques douches. Quand il arrivait à fermer les yeux, il se persuadait que c’était mieux ainsi. Au moins, il avait la fierté cette fois, de l’avoir choisi.
15 ans +L’hiver était finalement, là.
Par miracle, il était parvenu à s’introduire dans une salle de sport. Il faisait nuit noire, dehors, la neige commençait à s’empiler. Il nourrissait l’espoir de pouvoir se laver à l’œil, trouver un petit coin de tatami pour écouler quelques heures d’insomnie au chaud. Son premier reflex quand le propriétaire l’a découvert à été de se dévêtir. Pour payer, ce qu’il avait consommé.
Chose que l’homme l’empêche de faire. Chose qui étonne l’adolescent qui se voit déjà finir cette nuit au fond d’une cellule de police suintant la pisse. Mais l’homme ne l’entend de cette manière et ça, ça le surprend encore plus.
Jackson est un ex champion de MMA qui gagne bien sa vie aves ses nombreux complexes sportif qu’il s’est battu à faire construire en ville. Il ne manque pas de moyen pour recueillir Leven, ni de bienveillance pour tenter de lui apprendre qu’un jeune adolescent n’a rien à faire à vendre son corps dans la rue. Que sa place est à l’école, dans une maison où des adultes se sentiraient responsable de lui.
16 ans + Retour à l’école.
Après tout ce qu’il a manqué, sans aucun secret, il est nul à chier.
Et peut-être qu'il le doit à tous les bouquins qu'il a consumé parce qu'il ne retape q'une seule classe.
Jackson a une femme, Caitlin. Elle prend de son précieux temps pour l’aider à rattraper. Elle lui partage une douceur nouvelle. Lui qui ne parle presque pas, mais qui n’a de cesse de la regarder. Mais surtout n’a de volonté seulement que pour l’écouter. Caitlin jouant de ses nombreux instruments à longueur de temps. Et s’il ne parle pas, il ne sait taire sa curiosité de vouloir lui-même performer. Et pour ça, bizarrement, il est même plutôt doué. S’il ne comprend pas grand-chose, la musique n’a de barrière pour lui. Et parvient même à l’emplir d’une certaine félicité.
Jackson l’emmène avec lui aussi parfois. Il l’entraîne tant bien que mal à devenir plus fort. Surtout à apprendre à se défendre. Subir, Leven en a l’habitude mais Jackson ne semble pas s’être remis de l’état frêle et gringalet dans lequel, il l’a trouvé. La gueule cassée, le corps tuméfié. C’est ainsi que beaucoup de ses clients aimaient l’apprêter.
Jackson et Caitlin Madden n’ont pas d’enfants.
Ils disent qu’ils n’ont jamais eut cette chance. Leven a trouvé ça injuste.
Parce que maintenant, il sait que ses parents ne méritaient pas d’enfants. Que tout ces enfants abandonnés chez madame Alma auraient tous mérités d’avoir de meilleurs parents.
Mais Leven sait que ce monde n’a que faire d’être juste. Que ce monde est une pute.
Tout comme lui-même, le sera toujours. Maintenant que la vie l’avait marqué.
Leven Nyle Madden.17 ans + Les jours sont doux.
Jackson et Caitlin Madden lui ont fait un espace. Une chambre rien qu’à lui. Une première, pour lui.
Il a toujours du mal à accepter leur générosité. Il ne cesse de patienter le moment où ils lui demanderaient de se déshabiller. D’enfin passer à la caisse pour les payer.
Mais ce jour ne semble arriver.
Il se sent singulier. Trop abîmé pour se mouler dans ce monde même si tant bien que mal, il essaie. Il joue le rôle d’y arriver mais il reste ce cheveu sur la soupe.
Il commence les soirées, goûte à une adolescence tardive rythmée d’insouciances. Et il tombe amoureux. Vénère la première drogue qui lui permet d’oublier. Du moins, lui en donne l'illusion. Trop émotionnellement handicapé, il semblerait, pour tenter l’amour de jeunesse. Il préfère le plaisir qu’il trouve dans le consentement. Leven savoure et enchaîne les repas copieux. Il se baigne dans ce pouvoir. Dans l’euphorie que la drogue et le sexe, lui procure. Il s’y noie.
Parce qu’il ne ressent la satiété. Peu importe ce qu’il consomme, il n’y a rien pour le combler. Il reste vide.
18 ans + Miracle.
Tant bien que mal, il passe entre les filets et réussi même son année.
Il le doit aux professeurs particuliers que Caitlin a embauché pour l’enseigner. Encore une chose qu’il ne pourra pas leur rembourser. Cette idée lui reste, ne cesse de se retourner dans sa tête. Même si ce n’est pas ce que les Madden semble rechercher. Caitlin aime bien le toucher, le recoiffer. Parfois même, elle rassemble son courage pour l’enlacer. Comme si un message lui tenait à cœur à lui faire passer. Et s’il ne saisit pas bien, il sait seulement qu’on l'a beaucoup touché mais que personne ne l’a fait comme Caitlin le fait. Alors il la laisse faire. Et quand elle lui dit qu’elle l’aime et qu’elle est fière de lui. Il ne sait pas quoi en penser mais ça le fait sourire sans qu’il ne parvienne à se retenir.
Mais les études, ça ne l’intéresse pas.
Il y a peu de choses et trop de choses qu’il l’intéresse pour savoir réellement où s’orienter.
Et il n’a à cœur d’élever sa dette qui ne fait que gonfler auprès des Madden. Qu’ils désirent être remboursés ou non.
Alors il traîne, il ère vers ses vieux travers. Cependant, Jackson ne le laisse faire suffisamment longtemps pour voir Leven s’égarer, se perdre.
Il l’emmène tous les jours avec lui. Lui enseigne les ficelles de son métier. Et s’il affectionne le sport et son univers. Ça fini bien vite par l’ennuyer.
Et c’est au tour de Caitlin de tenter. De le prendre sous son aile et honnêtement, dans cet univers-ci, il pourrait véritablement s’envoler.
La musique. Qui parle à son cœur.
Son âme-sœur.22 ans + Diplômé. Bachelor en Musique.
Ouais, il ressent quand même une certaine fierté de cet intitulé. Pas autant que Caitlin, qu’il voit de joie débordée.
Durant ses années de facultés, il a entre-temps repris ses anciennes activités. Dans un cadre plus aisé qui lui laisse l’impression de pouvoir mieux contrôler. Comblant un fossé qu’il ne fait que creuser.
Mais il décide d’arrêter. Persuadé, auto-persuadé qu’’il a aujourd’hui les armes en mains. Qu’il pourrait entamer une nouvelle vie. Celle de Leven Madden.
Et au départ, il prend plaisir à le faire.
Jouer ce rôle, celui d’un fils. Le fils d’une dame dont la grandeur rivalise avec celui de son cœur. Celui d’un homme dont la force égale la bienveillance. Comme si sa vie avait prit naissance près de ses bienfaiteurs.
Monsieur Madden, c’est ainsi qu’on l’appelle.
Et tous les jours, il ment.
Derrière son masque, en quête de miroiter une normalité. Une figure dont la surface lisse maquille ses crevasses, ses failles. Parfois, se laissant porter par cette fausse mais si douce réalité.
Monsieur Leven Madden, bercé par ses propres illusions.
23 ans+ Il continue à faire semblant.
Certains jours pesant plus que d’autres. Certains moments plus ardus que d’autres. A n’en plus savoir par moment, qui il est réellement. Obligé à rien, il sait seulement qu’il a l’opportunité d’aller la voir. Sa mère, Nelly Moreno. En prison, là, où cette femme qui retient toute sa colère s’est terrée jusqu’à ses vieux jours, ou peut-être dans son cas, la mort.
Elle est malade. C’est Caitlin qui le lui a dit. Elle lui a souligné qu’il n’avait à se sentir responsable de quoique ce soit. Qu'il n'a à ressentir d'obligation, seulement l’envie. Mais la pression pèse tout de même sur ses épaules à présent. Ce n’est certainement pas pour Nelly mais peut-être pour lui-même qu’il fini par s’y rendre. En quête de réponse. Peut-être qu’il serait aujourd’hui assez grand pour comprendre.
Nelly n’avait plus rien de la beauté qu’elle avait un jour possédé. La vie l’avait marqué, elle aussi. Elle l’avait condamné à arborer en plein jour ses nombreux péchés. Quand elle l’a vu, elle a rigolé. Leven aurait aimé accuser sa santé mentale mais elle semblait avoir toute sa tête quand elle l’a accusé d’avoir oublié d’où est-ce qu’il venait, qui il était. Comme s'il avait le luxe de pouvoir le faire. Comme si sa propre mémoire n'était pas sa malédiction à porter. Nelly avait les yeux d’une mère qui voyait malheureusement clair dans son jeu d’acteur. Elle riait encore, ses dents ravagés dehors pour se moquer, le ridiculiser. Réduire à néant tout les efforts qu’il avait fait. Le regard de Nelly Moreno s’était ensuite voilé. La lucidité envolée. C’est par le nom de son père qu’elle l’a appelé quand elle l’a agrippé pour tenter de l’embrasser. Tétanisé, il avait été soulagé de sentir les gardes les séparer. Après ça, il avait pris ses jambes à son cou et ne s’était plus jamais retourner.
Encore une fois, il avait fait preuve de naïveté.
24 ans + Son anniversaire.
En boîte avec les quelques amis qui arrivent à le supporter. Il n’est pas facile à vivre Leven, il le sait bien mais ses amis semblent vouloir l’accepter tel qu’il est. Ils ne savent pas à quel point est-ce qu’il est fracassé mais ils savent qu’il l’est et ça ne semble pas les rebuter. Il a le cœur festif, assez pour se laisser tenter par quelques pilules d’extases. Le drame vient après qu’il ai croisé un de ses anciens clients. Un rappeur qui s’est depuis hissé dans le top des charts. Qui lui propose beaucoup d’argent. Il lui propose de quitter cette ville, de partir autour du monde avec lui. A lui. Pas à Leven Madden. A lui,
Sky.
Voyager, il n’a jamais osé le rêver. Qu’est-ce qu’un orphelin irait faire au bout du monde quand il n’a sa place nulle part. Il n’a jamais voyagé que dans ses bouquins. Sur les notes portées par ses instruments. Sur le fil de son écrin, la lame d’une corde, sur les touches métissées d’un piano…
La palpitation de son existence derrière sa mascarade le pousse à dire : oui !
Et le voilà, à tout quitter, sans rien dire, sans un mot, aucun. Pour une année entière à travers ce monde qu’il n’avait pas imaginé si vaste. Dont la beauté résidait en cette sensation de liberté.
Une année entière, son cul tournant autant que les plateau de coke ou les pilules d’exta dans sa direction…
25ans + C’est dans un rare moment de lucidité qu’il fini par prendre la décision de rentrer. Puisqu’il lui fallait une raison. Un prétexte, une excuse pour s’échapper du trou qu’il s’était un peu plus creusé. Consultant ses mails, pour constater qu’il pouvait manquer. Coupable d’avoir même inquiéter. A quoi est-ce qu’il s’attendait ? Jamais grand-chose, en réalité.
Caitlin l’aurait gardé près d’elle. Elle l’aurait sevré de gré ou de force par ses soins si Jackson l’avait laissé faire. Mais la manière de Jackson de lui venir en aide était de lui proposer le meilleur de ce qu’il se faisait.
Leven n’avait pas le sentiment de les mériter et ça n’était pas seulement ça. Ils lui avaient offert les meilleures opportunités. Et il était quand même parti tout gâcher. A n’en pas saisir pourquoi est-ce qu’ils se donnaient encore la peine.
Leven n’avait pas envie d’être aidé mais il y a quand même été au centre gracieusement payé. Incapable de refuser et risquer de briser leurs espérances d’avantage… Et s’il ne le comprend pas, son intelligence comprend que c’est plus pour leurs cœurs qu’il se soucie. C’est cet organe palpitant miraculeusement pour lui, qu’il n’a pas envie de perdre. La douceur de leur affection est une moelleuse et chaleureuse couverture pour son âme à vif.
Et ce n'est pas parce que c'était le meilleur centre de désintoxication qu'il a fini par être désintoxiqué. Ce vide en lui nécessite cet automédication mais peut-être qu'il est d'accord pour ne pas en abuser au point de se retrouver encore une fois à l'hôpital. Là, où, il a initialement retrouvé sa dîtes lucidité. Suffisamment pour pouvoir rentrer autrement qu'entre les quatre parois en bois de son lieu de repos éternel. Il l'a bien entendu, gardé pour lui.
26 ans + C’était tout de même difficile pour lui de retourner après ces quelques années d’indépendance, dans sa chambre chez les Madden. Mais en partant, il avait tout laissé tomber. Son boulot, son appartement, tout. Tout ce qui avait brièvement fait sa fierté.
Il avait vrillé après être allé voir sa mère en prison. A quelques semaines de son anniversaire. Il s’était fait un cadeau empoisonné. La chute était vertigineuse après avoir bêtement placés ses espoirs trop hauts. La drogue et la fuite furent pour lui La cerise sur un gâteau bien merdique.
Il a le souvenir de ses pupilles dilatées, contre son propre reflet. Un rire manique se forçant hors de sa gorge ecchymosée. Face à celui qu’il était, que sa mère lui avait rappelé qu’il ne pourrait jamais oublier. Face à lui-même. Un autre déchet de l’humanité.
C’est pendant sa cure qu’il a ressorti ses vieux calepins. Il ne les avait plus ouverts cette dernière année. Noircis de rondes lettres flottant sur quelques notes. Il avait commencé à gribouiller quand il a commencé ses cours de musique avec Caitlin. Ce qui ont commencé par de simples notes de ses leçons se sont au fur et à mesure qu’il apprenait bien transformer. Ses émotions retranscrites d’une manière qu’il n’a jamais su exprimer. L’air de ses sentiments enfouis, existants.
Depuis, il a développé une oreille absolue, s’est attelé à l’apprentissage de plusieurs instruments. Mais il a tout de même une préférence pour le violon, le violoncelle. Même s’il joue allègrement de la guitare, du piano et d’autres instruments quand ils lui tombent sous la main. La sonorité du violon et celle du violoncelle lui semble plus intense, plus apte à retranscrire ce bruit qui résonne au fond de lui.
Alors il se remet à écrire la musique, prend à cœur de la faire chanter. Appliqué à retranscrire ce qu’il ne sait pas dire, ce qu’il sait à peine ressentir.
27 ans + Il ressent la réticence de Caitlin à le voir partir, peut-être parce qu’elle l’a communiqué. Elle n’a pas envie qu’il s’en aille, elle lui a assuré qu’il ne les dérangeait pas. Que ça avait toujours été un plaisir et une bénédiction pour eux de l’avoir à la maison. Leven avait envie de la croire parce qu’elle semblait véritablement sincère. Mais il savait surtout qu’elle avait peur. Peur de le voir s’en aller et cette fois, ne plus jamais rentrer. Il doit bien avouer que l’idée l’a effleuré, l’a tenté. Mais il savait que s’il partait cette fois, effectivement, il n’en reviendrait jamais.
Et si c’était agréable d’être ici, cela ne pouvait plus durer. Leven avait besoin de sa liberté pour exister et pour cela, il ne pouvait pas rester ici. Ici, il avait envie de plaire, d’être une version surhumaine de lui-même. Il n’avait plus la force de faire semblant. Son masque s’était brisé et tout le monde pouvait le voir. Faute de moyen, maintenant qu’il donnait quelques cours particuliers, il avait opté pour une colocation dans un premier temps.
Et s'il continue de produire sa propre musique dans son coin. Allant jusqu'à prendre quelques séances de studio pour s'enregistrer en toute discrétion. Leven intègre également un groupe de musicien. Complètement bourrés, rencontrés sur les lignes du destin. Ils commencent à se réunir pour vibrer tous ensemble. S'il joue de la basse, de la guitare, et parfois rajoute sa touche au violon, il est principalement le chanteur. Même si d'autres poussent aussi la chanson de temps en temps. Ce n'est pas vraiment lui qui l'a choisi mais tout semble se faire avec une cohésion naturelle.
28 ans + S'il peut et prend plaisir à l'être, parfois. Leven n'est pas réellement une créature sociable et la colocation fini bien par lui peser. Il n'a pas envie de retourner enseigner à l'école. Les quelques enfants qu'il suit, s'il ne s'en plaint pas, lui prenne tout de même suffisamment de sa patience. Parfois, il prend même le temps avec quelques intéressés à l'association LGBTQ+ qu'il a lentement intégré. C'est le batteur du groupe qui l'y a traîné pour la première fois et s'il ne comptait d'abord pas rester. Leven a fini par s'y accoutumer. Il apprécie les rencontres qu'il peut y faire, les histoires qui peuvent se raconter. Ca lui donne parfois l'impression d'alléger un peu sa solitude. Et c'est bien beau tout ça. Mais la nuit, quand il ne peut fermer les yeux. C'est ce même sempiternel vide qui vient le dévorer. Il a décidé de se limiter à la beuh, parfois au shit. Fidèle également à l'éthanol. Il en a besoin pour s'inhiber. Pour alléger sa mémoire ne serait-ce qu'un tout petit peu. Mais ce vide, il n'y a pas grand chose qui peut le combler. Mais il a besoin d'argent, il a besoin de se sentir exister et de s'oublier, en même temps. Alors, il reprend. Contre quelques billets, il laisse les clients l'utiliser.
En joignant l'utile, il peut s'offrir l'agréable. Leven emménage dans son propre appartement qu'il partage seulement avec Créature, son chat. Le regard bleu précieux, le pelage couleur ébène.