(james), trouble i'm in

- @james chambers

Le clavier de l'ordinateur clique et claque sous ses doigts, il soupire de temps à autre, jette un coup d'œil à sa montre, puis au bureau vide qu'il peut apercevoir en inclinant un peu sa chaise de bureau. Il n'a plus l'habitude que la pièce soit si vide. Silencieuse, oui, parce qu'ils n'ont pas besoin de beaucoup de mots, quoi qu'Avalon ait quelques tics nerveux qui font qu'un stylo clique de temps à autre, ou que son talon martèle périodiquement le sol, et que le concert de claviers de pc ne soit pas des plus feutrés. Mais, même lorsqu'ils sont silencieux, concentrés ou trop occupés, il peut toujours lever la tête et croiser son sourire. Percevoir instinctivement sa présence et s'en contenter. Depuis qu'ils ont décidé de prendre des congés bien mérités et de gérer les affaires de façon plus saine, il lui faut se réhabituer à passer ses journées plus ou moins seul (ou, en tout cas, avec des gens moins intéressants). Il termine de rédiger son dossier et s'attaque à un autre, l'après-midi s'annonçant plutôt calme, et donc propice à rattraper la paperasse laissée de côté, après une matinée passée sur le terrain.
Bientôt, et alors que personne n'est à l'agenda du jour, l'interphone lui annonce une présence en bas de l'immeuble. La caméra logée au dessus de la porte principale ne lui permet de distinguer qu'un homme, et il appuie sur le bouton d'ouverture. Il articule un comin' un peu rauque, n'ayant pas ouvert la bouche depuis un long moment, plus par réflexe que pour réellement prévenir le visiteur de sa présence. Quelques enjambées suffisent à parvenir à la porte des bureaux et, lorsqu'il l'ouvre, l'homme a déjà gravi les marches. Pas n'importe quel homme, devine-t-il sans trop de peine. La ressemblance est là, ou peut-être est-ce parce qu'il a vraiment trop souvent admiré Ava qu'il la remarque. Il n'est pas certain d'avoir déjà vu de photo des autres Chambers, pas même certain qu'elle en ait, sauf d'Evan. Quelques fractions de secondes de battements, avant qu'il ne prenne la parole: « James, right ? » Pas qu'il ait prévu de le rencontrer de sitôt, mais il n'y a pas de réel étonnement en Rom lorsqu'il le reconnaît. Il y a même un peu d'amusement, conscient que ce n'était pas du tout le plan et qu'une certaine personne risque fort d'en être chamboulée. Pour sa part, il préfère qu'il en soit ainsi, que la rencontre soit mise de côté au plus vite plutôt qu'anticipée et planifiée. Et puis, Avalon n'aura plus besoin de s'inquiéter, elle n'aura même pas eu à être présente. « Román », se présente-t-il en tendant la main, quoi que la précision soit sans doute inutile. Après tout, son nom est sur la porte, s'il n'a pas déjà été mentionné dans d'autres circonstances. « Ava n'est pas là », qu'il informe d'un ton neutre, se décalant néanmoins afin que le nouveau venu puisse passer l'encadrement de la porte s'il le désire.

Les retrouvailles avec Ava se sont passées, bien mieux que ce qu’il avait imaginé. La relation entre eux avait toujours été compliquée, alimentées par les non-dits et les regrets. Mais ça allait, ils ne s’étaient pas hurlés dessus, n’avaient énoncé aucun reproche. James en était aussi ravi que surpris. Bon, il fallait l’avouer, il était rare qu’il joue les adultes matures et il ne ratait jamais une occasion pour balancer une pique. Mais pas cette fois non. Peut-être que le divorce l’avait rendu plus sage ? Moins vif ? Il ne savait pas et honnêtement, il n’avait pas envie de le savoir. Libre de toute obligation, aujourd’hui, James continua de vider les cartons qu’il restait chez lui. Cela ne faisait que six mois qu’il était en ville, alors il restait quelques paquets encore intacts qu’il devait ranger. Pas les plus simples non. Mais de vieux souvenirs qu’il préférerait oublier. Des photos, des albums. Assis sur le parquet de son salon, il se perd à contempler ses souvenirs de mariage qu’il avait enfoui là dans ce vieux carton. Et là, sur cette photo, le sourire de Katherine sonne presque faux à présent. Comment en sont-ils arrivés là ? James se questionne parfois. Parce qu’il ne parvient pas à comprendre cet abandon si soudain. Cette volonté de tout laisser après tant d’années. Bien sûr, toute la chute repose sur lui, sur ses problèmes et ses incapacités. Mais il était persuadé qu’ils sortiraient de cette tempête. Non pas sans une égratignure certes. Un soupir s’échappe de ses lèvres, alors qu’il repose les photos dans le carton. James réfléchit et se dit qu’il est temps d’oublier le passé et de tout jeter. Il se ravise lorsqu’il récupère un album de famille dont la couverture est vieille et abîmée. Il n’ose pas l’ouvrir par peur de raviver trop de souvenirs. Peut-être qu'Ava voudrait le récupérer ou au moins le regarder ? Et puis si elle ne veut pas, elle n’aura qu’à le jeter. James ne lui en voudra pas. Au contraire. C’est décidé, il va aller la voir et le lui donner. Et puis cela lui donnera une nouvelle occasion de revoir sa sœur. S'il se souvient bien, elle lui a indiqué où elle travaillait. Alors ni une, ni deux, il quitte son chez lui. De longues minutes s'écoulent avant qu'il n'arrive à destination, non sans s'être perdu quelques fois. Il cherche, regarde les immeubles, les noms sur les sonnettes. Il met un peu de temps avant de trouver ce qu'il cherche. Devant la porte du bâtiment, il presse le bouton de l’interphone et presque instantanément une voix lui répond, le poussant à rentrer. Il ouvre la porte avant de se retrouver devant une nouvelle porte qui s’ouvre à nouveau laissant apparaître un homme. James est confus surtout que l’inconnu semble savoir qui il est. « James, oui, c’est ça. Et tu es ? », questionne-t-il curieux. James n’a même pas fait attention aux noms sur la porte, alors il se permet de demander. Il n’a jamais été très attentif aux détails, il est vrai. Il ne sait pas qui il est, mais il est évident qu’il n’est pas là par hasard. Et même s’il est inconnu à James, il semble être plutôt proche d'Ava. « Enchanté Román. Désolé, j’ai été un peu surpris que tu saches qui je suis. », un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Puis l’information tombe et un air dubitatif presque déçu prend place sur le visage de l’aîné Chambers. « Oh. Dommage, j’avais retrouvé un vieil album avec des photos d'Evan. Je me suis dit qu'Ava voudrait peut-être le regarder. », il tend le vieil album comme si Román était concerné par la trouvaille. James hésite quelques secondes puis fait un pas à l’intérieur. « Ça te dérange si je l’attends ici ? Au pire, si elle tarde, je repasserai plus tard. », il hausse les épaules. Après tout James, est curieux de découvrir quelques bribes de la vie de sa sœur et à en voir l’inconnu face à lui, il semble y tenir une part importante.

pardon pour le délai infini