Hadès + I'm the one on the run away from the headlights

You can wake up this is not a dream.

Gamin tout droit sorti des quartiers sud de Chicago, une famille à la Shameless 2.0. Mère stone la plupart du temps, père constamment sous tranquillisants. Personne ne s’approche de la maison des Murillo, là dans les bas-fonds du sud de Chicago. L’on ferme les fenêtres, l’on tire les rideaux, parce qu’on ne veut pas de problème. Six gamins dans la fratrie, six accidents de parcours dont personne ne voulait croiser la route. Tous nommés selon la mythologie par la même infirmière. Celle qui les a vu naître, qui s’est inquiétée de les voir être élevés dans cette maison de dépravés. Elle a essayé d’alerter, à chaque enfant. Services sociaux bien trop occupés, ils n’ont jamais été sauvés. Élevés par le plus âgé à défaut d’avoir des parents compétents, les gosses ont du apprendre à se débrouiller. Violence, alcool, drogue et décadence. Misère, chaos et grenade dégoupillée qui a fini par exploser. Mère abîmée, déboussolée. Père absent, défaillant. Les gamins grandissent, s'unissent. Contre eux, contre cette éducation manquée et ces nombreuses dérouillées. Parce qu’il fallait les recarder quand même ces gamins aux dents acérés et aux caractères rusés. Ils ont appris à ne pas flancher dans ces mauvais quartiers. Parce qu’il fallait s’en sortir pour survivre.

J'suis pas quelqu'un de bien, j'suis pas une belle personne.

Les mauvais quartiers créent les mauvais garçons. Hadès enfant de la rue criant pour se faire entendre. Ruse, manipulation, mensonges. Tous les moyens sont bons pour se faire un peu d’argent. Dans la famille, chacun tient son rôle. Hadès devient le roi des pickpockets. Habile de ses mains, il dérobe sans se faire remarquer. Il permet à la petite famille de manger à chaque fois qu’il pique des billets. Il se sent puissant Hadès, mais ce n’est pas assez. Ce n’est jamais assez lorsque l’on commence à toucher du bout des doigts l’argent qui n’est pas à soi. Il en veut plus parce qu’il veut pouvoir l’utiliser pour lui, pas seulement pour la fratrie. Alors il plonge Hadès dans les bas-fonds de l’enfer. Dans des caves peu éclairées, des sous-sols humides et étroits, les voix s’élèvent faisant trembler les murs autour de lui. Poings abîmés, visage ensanglanté. Il joue les cadors juste pour gagner un peu de blé. Il tape aussi fort qu’il peut sans avoir de quelconques regrets. En une fraction de seconde, il passe du gamin effrayé à l’adolescent que personne ne voit croiser.

It’s dangerous to fall in love, but I wanna burn with you tonight.

 
Il y a des rencontres dans la vie qui vous marque au fer rouge. Liv en fait parti. Gamin d’à côté avec qui il a grandi. Toute une enfance partagée jusqu’à un premier départ loin de Hadès. Il ne sait pas ce qu’il se trame. Et puis une nouvelle rencontre hasardeuse, dans les rues sales. Hadès le fait venir chez lui, dans la maison bruyante où vivent les marmots de la fratrie. Quelques semaines tout au plus avant une nouvelle séparation bien plus longue que la précédente. Puis à l’adolescence, les deux gamins se retrouvent devenant vite des amants. Mais Hadès en veut plus, toujours plus. Éternel insatisfait. Il ne parvient pas à se contenter de ce que Liv veut bien lui donner. Recherche constante d’attention, besoin d’être au centre du monde, Hadès finit par tout envoyer en l’air. Liv, leur semblant d’histoire, parce qu’il est incapable. Incapable d’ouvrir les yeux sur ce qu’il possède déjà. Parce qu’il a toujours ce besoin d’avoir la main mise sur ceux qu’il aime. Relation toxique, champion de l’autodestruction. Hadès n’a jamais été très bon avec les émotions. Liv, c’est l’histoire de toute sa vie, avec des rencontres et des séparations. Beaucoup de sentiments et nombreux abandons. Parce qu’ils n’ont jamais su se parler, se dire à quel point ils comptaient. Non, Hadès tout ce qu’il a su faire, c’est le briser, et puis ça a été son tour de dérouiller. Relation atypique nourrie de passion et d’addiction.

Some days like I'm barely breathing and after we were high in the love, doped out.

Puis c’est Summer qu’il a rencontrée. Bien plus jeune que lui, elle aussi élevée par la rue. Elle lui a tout de suite plu, avec son caractère de feu, sa capacité à le repousser sans cesse. Hadès a pris ça pour un jeu duquel il devait en sortir vainqueur. Il n’a rien lâché, a eu la gamine à l’usure à force de lui tourner autour tel un vautour affamé. Elle a mis un moment avant de céder, mais elle a fini par le laisser s’immiscer. Ça a duré deux ans, deux ans durant lesquels Hadès s’est senti aimé, presque adulé. Elle lui a tellement donné Summer et Hadès a pris sans demander son reste. Et sans jamais rien donner en retour. Elle était sienne peu importe ce qu’il pouvait faire, il parvenait toujours à la récupérer. Malgré les conneries, les coups foireux. Quand il y pense, il n’a jamais été reconnaissant de tout ce qu’elle lui offrait. Il n’a jamais été à la hauteur de l’amour qu’elle lui portrait. Il l’a aimé pourtant, mais pas autant qu’il le prétendait. Égoïste qu’il était. Obnubilé par sa propre personne, ses propres envies, ses propres besoins. Peu importe les autres. C’est à cause de lui que tout a explosé. Boum. Bombe larguée au milieu du pavé. Une nuit trop alcoolisée. Hadès n’a rien écouté, prenant le volant pour ramener Summer et sa meilleure amie. Erreur fatale dont Hadès est le seul responsable. Un accident de la route dû à un manque total de discernement et d’attention. Il a détruit des vies ce soir-là. Et pourtant, Summer a pris sa place dans la voiture. Elle s’est dénoncée uniquement pour le sauver. Hadès, il s’en est sorti avec quelques ecchymoses et une cicatrice au-dessus de l’arcade. Marquage indélébile de cette nuit terrible. Summer désormais en centre de détention, et lui, livre de tout soupçon. Il a tenté plusieurs fois de lui rendre visite. Mais une fois devant les grilles, il n’a pas trouvé le courage d’y aller. Gamin lâche qu’il est.

J'ai besoin de prendre l'air, j'veux rejoindre la lumière.

Hadès au bord du précipice. Il se cache, se terre. Trop honteux de faire face à la vérité. Véritable imposteur d’une vie qu’il ne devrait pas vivre. Le pardon est difficile, impossible. Il ne devrait pas être là, dehors à l’air libre. Alors il fait un peu n’importe quoi, reprend ses mauvaises habitudes d’enfant de la rue. Il sort tous les soirs pour combler la solitude. Il avance sur la tangente à deux doigts de tout perdre. La chute ne l’effraie guère. Alors il se laisse aller. Se laisse prendre par les tourments et les regrets. Il y pense tous les jours Hadès, a ce qu’il s’est passé. À cette nuit-là qu’il voudrait oublier. Il n’en parle jamais de cet accident, de cette voiture. Abîmé, déglingué. Il ne sait plus quoi faire pour faire taire le passé. Instabilité, culpabilité. Hadès, il est à l’image d’un puzzle que personne ne terminera jamais. En pièces, éparpillées un peu partout sur le sol.





You're ripped at every edge but you're a masterpiece.





Les années défilent sans qu’il ne parvienne à changer ce qu’il est. La culpabilité a fini par définitivement le ronger. Masque constamment porté devant tous ces gens qui veulent le côtoyer. Mais derrière les fenêtres fermées et les rideaux tirés, Hadès subit son existence. Il réussit quand même à doucement remonter la pente, trouvant un travail pour lequel il est bon. Il n’a jamais quitté les quartiers sud, n’a jamais revu Summer non plus. Du moins il a pris soin de l’éviter, l’apercevant quelques fois au loin. Il n’a jamais trouvé le courage de l’affronter. Il n’a pas revu Liv non plus, depuis que ce dernier est parti, l’abandonnant seul face à sa vie.