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james // tout envoyer en l'air

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Juliet Hamilton

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james // tout envoyer en l'air
( Jeu 9 Mar - 21:42 )

// détache le lien qui lentement se resserre, une seule vie t'indiffère et ne te ressemble en rien, ces rêves ne sont pas les tiens, si tu restes, tu vas manquer d'air. il suffit de tout envoyer en l'air [ kyo, tout envoyer en l'air ]
@james chambers
Elle a faim, Juliet. Les crocs aussi acérés que ceux d’un fauve affamé depuis de longues semaines — quand bien même a-t-elle pris un petit déjeuner tardif et s’est octroyé une pause goûter au magasin en milieu de matinée. Alors elle tourne, tourne, tourne, et vadrouille, les yeux s’arrêtant ici et là sur les devantures de restaurants ou fast-food mais sans qu’aucun ne lui donne réellement envie. Elle se fait difficile, Juliet, c’est qu’elle a perdu l’habitude de rester dans une même ville plus d’un an d’affilé ; c’est qu’elle s’est faite à l’idée de goûter de nouvelles saveurs et que ses papilles sont entraînés aux mets de qualité quand il s’agit de produits étrangers aussi refuse-t-elle les restaurants qui se veulent d’origines variées. Elle voudrait un peu de nouveautés dans les menus proposés, lire autre chose que les plats qui semblent trop courant à Chicago et tant pis si son estomac doit commencer à s’auto-dévorer pour ce faire — elle ne capitulera pas. Le grondement, toutefois, se fait de plus en plus audible, de plus en plus présent et elle a le pas qui s’alourdit, Ju, les pieds qui se traînent parce qu’elle voudrait tant pouvoir trouver une chaise où s’installer, une assiette déposée juste sous son nez et pouvoir s’en faire péter la panse sans plus avoir à trop y réfléchir. 
Et, tel un miracle, le restaurant apparaît.
La carte affichée présente des plats qui titille son intérêt (non pas que ce soit difficile, à ce stade-là) et des prix qu’elle estime raisonnable. Le choix est arrêté, c’est déterminée qu’elle pousse les portes qui restent closes et, après une seconde de surprise, les yeux qui fouillent la vitre, elle s’aperçoit qu’il aurait fallu tirer avec le même enthousiasme. Elle pouffe, Juliet, secoue la tête et regrette l’absence de ses mousquetaires pour être témoin de l’action (envisage bien de leur envoyer un message sur le groupe mais se retient à l’ultime seconde, consciente que les derniers échanges datent déjà, que c’est définitivement plus la même dynamique, entre eux et son coeur se serre d’avance à cette pensée). Le sourire flottant encore sur les lèvres à son idiotie, elle s’installe à une table et patiente tranquillement qu’un serveur ou une serveuse ne vienne lui présenter le menu (non pas qu’elle en ait besoin, elle a déjà décidé, Juliet). Et une fois sa commande prise, elle croise les doigts sur la table, ne reste plus en place, sort son téléphone pour zieuter les réseaux, se mord l’intérieur de la joue, observe la décoration du lieu, la clientèle encore éparse — et la stature qui surgit de ce qui doit être un bureau ou les cuisines, elle ne sait pas bien, un lieu réservé au personnel en tout cas. « James ? » qu’elle s’étonne à voix haute, sans même se demander s’il peut l’entendre de là où il se trouve et comme elle attend encore son plat, elle se lève, Juliet, peu réputée pour sa réserve, tout à l’inverse. Et puis, James, il est loin d’être un inconnu — ils n’ont jamais été proches, il est vrai, c’était surtout de Mrs Chambers qu’elle était l’amie, Juliet, mais tout de même, James lui a été sympathique (puis un peu antipathique, il faut bien le reconnaître). Et si elle a su pour leur séparation, si elle sait les circonstances de ce dernier, elle n’aurait jamais imaginé revoir l’homme ici, à Chicago (ou même partout ailleurs qu’à New York, en réalité ou là où il avait ouvert son second restaurant). Elle se penche sur le côté, secoue la main pour attirer l’attention du blond. « Hey ho, James ? » Et elle sourit, Juliet, même si le voile assombrit son regard parce qu’elle le sait bien, que le divorce est encore récent (six mois, ce n’est rien, n’est-ce pas) ; ne peut qu’imaginer la culpabilité qu’il doit porter quand son ex-femme est celle qui n’a pas su rester fidèle. « Je savais pas que t’avais ouvert un nouveau restaurant par ici. » Une observation, prononcée d’une voix neutre quoique teinté d’engouement — ça l’arrange bien, Juliet, puisqu’il est bien le seul qui lui ait fait envie aujourd’hui.
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James Chambers

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Re: james // tout envoyer en l'air
( Mar 4 Avr - 16:16 )



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Cela fait six mois. Six mois que James a finalement divorcé, vendu les restaurants qu’il a créés avec sa femme. Six mois qu’il a plié bagages et changé définitivement de vie. Ça a été compliqué, difficile même, il faut bien l’avouer. Mais James est coriace. Il s’est toujours battu quand il le fallait. Son emménagement à Chicago lui a demandé beaucoup d’efforts et d’organisations. Plus qu’il ne l’avait imaginé. Mais il y est arrivé. Il a trouvé un nouveau chez lui, a réussit à investir dans une nouvelle opportunité, à ouvrir un nouveau restaurant. Un nouvel endroit cette fois-ci rien qu’à lui. Ça a été un crève-cœur de renoncer à tout ce qu'il avait bâti dans son autre vie. Mais il n’a pas pu faire autrement ou plutôt il n’a pas voulu faire autrement. Parce qu’il ne veut plus rien avoir avec son ex-femme, Katherine. Alors il s’est remonté les manches et a donné vie à son nouveau projet. Il en est fier, et même si les débuts ont été difficiles, le restaurant commençait doucement à se faire connaître et à accueillir certains habitués. La clientèle était plus régulière et James en était satisfait. Il fallait dire qu’il y travaillait d’arrache-pied. Passant la plupart de ses journées dans son restaurant. Un coup, il s’occupait de la gestion, l’autre des cuisines. Il ne pouvait rester une journée sans se rendre là-bas. James est plongé dans la gestion, dans les calculs et les papiers. Tout ce qu’il déteste. Alors, il décide de sortir de sa hutte, de quitter son bureau pour aller s’assurer que tout va bien. Même s’il n’a aucun doute là-dessus. Il a su s’entourer d’une équipe vraiment géniale et il en est reconnaissant. Parce qu’il sait que ce n’est pas toujours évident. Le service de midi vient tout juste de commencer, les clients poussent la porte les uns après les autres. Quelques tables ne sont plus disponibles, les serveurs et serveuses vont et viennent dans la salle pour répondre à toutes les demandes. Dans l’encadrement de la porte, son regard balaye la salle où les gens mangent et discutent. Il ne peut s’empêcher de sourire en voyant ce petit monde graviter autour de lui. Mais rapidement, une voix le sort de ses pensées. L’interpellant par son prénom. Étrange, peu de personnes le connaissent ici. James tourne alors son visage apercevant une silhouette familière. Juliet Hamilton. Une connaissance de New-York, amie de son ex-femme à l’époque. « Tiens, quelle coïncidence ! » s’exclame-t-il en gardant son sourire sur ses lèvres. James est impassible, carapace sur le dos, fidèle à lui-même. « À vrai dire, j’ai vendu les deux autres et je suis venu m’installer à Chicago. J’ai eu une opportunité que je ne pouvais pas manquer. », un fait à moitié vrai. Disons que le divorce a énormément joué dans sa décision, mais que les affaires l’ont poussé ici. Un demi-hasard, dira-t-on. « Je n’aurais jamais parié te croiser ici. Tu as déjà commandé ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas. », dit-il avant d’ajouter. « Et toi, tu es ici de passage ou tu vie en ville ? Parce que ça fait un moment qu’on ne s’est pas croisé, j’avoue que je n’ai pas suivi les aventures de Juliet Hamilton. La communication a été quelque peu compliquée avec Katherine durant les derniers temps. », il racle sa gorge, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il garde son sourire toujours aussi impassible. 
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Re: james // tout envoyer en l'air
( Jeu 20 Avr - 11:48 )

@james chambers
Peut-être n'était-ce pas une bonne idée, d'aller à la rencontre de James de façon si spontanée. La pensée ne la traverse qu'une fois qu'elle se trouve devant lui, un large sourire sur les lèvres et l'air ravie de pouvoir le trouver ici. Il ne lui vient qu'après coup que le divorce ne s'est peut-être pas passé aussi bien qu'elle l'a imaginé (en réalité, elle sait qu'il y a eu quelques hauts et un peu de bas, aussi et elle ne peut que le comprendre, mise dans la confiance par son amie), que peut-être James ne veut pas de rappel de celle qui a choisit de mettre un terme à leur union d'une façon peu recommandée. Si tel est le cas, il n'en laisse rien paraître. Elle opine lentement, ne perd rien de son sourire. «  Eh bien, je ne vais pas te mentir, ça fait mes affaires aujourd'hui. Je cherchais un restaurant abordable et votre carte est la seule qui m'ait fait envie. » Une façon un peu détournée de complimenter le choix de menu (et la gamme de prix, aussi). «  J'ai rien contre Chicago, mais la deep dish pizza à toutes les sauces, je t'avoue que... Bof. » Elle glousse un peu et tant pis si ça tombe dans l'oreille de chicagoans fiers de leur spécialité. Elle a les papilles habituées à d'autres saveurs, Ju, aux épices du monde. «  Oui je viens juste de commander... » Elle tourne d'ailleurs la tête pour s'assurer que la serveuse ne la cherche pas des yeux et, une fois rassurée, reporte son attention sur James. «  T'as déjà mangé ? Tu veux te joindre à moi ? » Encore cette spontanéité caractéristique et elle ne retient pas une grimace, cette fois-ci, Juliet. «  Enfin, si t'es pas totalement pris par le boulot, bien évidemment. » La porte de sortie entrouverte avant qu'elle ne se gratte le coin de la bouche. «  Plutôt installée ici depuis quasiment un an maintenant. Après, tu me connais, je suis toujours prête à sauter dans le premier avion destination bout du monde. » Le bras levé et tendu comme pour mimer un envol avant qu'elle perde un peu de son enthousiasme enfantin pour trouver un air plus sérieux. «  Ouais, Kat m'a dit que vous aviez divorcé. Je suis désolée. Et, je veux pas empiéter sur un terrain qui ne me regarde pas ou être indiscrète mais elle m'a aussi dit un peu pourquoi et... » Petit haussement d'épaule pour trouver ses mots, les dents plantés sur sa lèvre inférieure. «  Je cautionne pas ce qu'elle t'a fait. Elle le sait, je l'ai bien engueulée mais.. Ouais. Tu mérites mieux que ça. » Elle croise son regard une seconde, se trouble de ne pas y lire de tristesse ou déception ou colère ou... Une quelconque autre émotion. «  Je suis contente de t'avoir vue. Et de voir que tu rebondis dans une aussi jolie ville. C'est quand même mieux que Philadelphie, hein ? » Pas qu'elle puisse juger, n'ayant jamais mis les pieds à Philly.
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James Chambers

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Re: james // tout envoyer en l'air
( Mer 26 Avr - 22:13 )



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Il n’aurait jamais parié qu’il croiserait à nouveau Juliet dans ces circonstances, dans cette nouvelle ville où il a posé ses valises. Ancienne (ou toujours) amie de son ex femme Katherine, cela faisait quelque temps qu’il ne l’avait plus vu. En y réfléchissant bien, cela semblait plus que logique. Déjà, parce que cela faisait six mois qu’il avait déménagé et parce que cela faisait presque deux ans qu’il s’était séparé de la femme qu’il avait tant aimée. Cela lui faisait plaisir de voir la jeune femme qui semblait être en forme. Du moins, c’est l’impression qu’elle dégageait. Un sourire étira les lèvres de James, quelque peu satisfait que sa carte ait attiré l’œil. Il est toujours fier comme un coq en pâte lorsque les clients le complimentent sur ses choix et ses petits plats. « J’espère que tu auras toujours ce même discours après avoir terminé ton repas. », il lui adresse un sourire avant d’ajouter. « On a essayé de diversifier pour se démarquer sans pour autant en proposer des tonnes. C’est jamais rassurant les cartes qui affichent une quantité astronomique de plats et desserts en tout genre. On a voulu miser sur la qualité. » il a les yeux qui pétillent James quand il parle de ce restaurant. Crée de ses propres mains sans aucune aide, ni suggestions. Alors, oui, il est fier de ce travail accompli surtout lorsqu’il regarde en arrière et qu’il énumère toutes les dernières épreuves de sa vie. Un regard légèrement surpris se dessine sur le visage de James. « Efficace en termes de choix, dis donc. Tu m’impressionnes. », lui qui est toujours hésitant quand il s’agit de ne choisir qu’un plat. Parce que bien souvent l’envie de tout goûter est palpable, alors il met du temps à prendre une décision. « Euh non pas vraiment. J’étais plongé dans les papiers. » Encore une fois, il a oublié de se restaurer. C’est devenu presque une habitude ces temps-ci. Il tire la chaise et finit par s’asseoir face à Juliet. Il a l’air bête à être debout face à elle. « Je suis toujours pris par le boulot, c’est une des rares choses qui m’occupe. » Un rire presque nerveux lui échappe. Quelle vie monotone. Mis à part le boulot et le sport, James est devenu casanier, solitaire même. Essayant d’avoir l’esprit toujours occupé par cette passion. L’un de ses serveurs passe non loin de la table et James lui passe rapidement commande. « Allez, je me joins à toi. », il faut bien qu’il mange de toute façon, autant que ce soit avec une vieille connaissance. « L’appel de l’aventure. Je vois que tu ne changes pas. Pourquoi Chicago ? Une opportunité ? Un pur hasard ? Enfin, si ce n’est pas trop indiscret. » Peut-être est-il trop curieux, il ne voudrait pas la froisser. James, toujours à marcher sur des œufs dans ses relations sociales, ours mal léché qui ne sait pas comment communiquer. Lorsque Juliet prononce le nom de Kat, le cœur de James rate un battement et le blond se raidit tout à coup. Sujet houleux, terrain miné. Il racle sa gorge comme pour essayer de faire sortir un quelconque son. « T’as pas à prendre parti. Enfin, je veux dire, ce n'est pas de ta faute, t’as pas à t’excuser. Je sais que vous êtes amis et enfin voilà. Ça a été compliqué. J’avoue que j’ai pris un énorme coup dans ma fierté, dans mon ego et dans la confiance que j’avais dans cette relation. », souffle-t-il comme s’il semblait épuisé tout à coup. Son regard est presque vide. Pas parce qu’il s’en fiche, mais parce qu’il ne ressent plus aucune émotion. Pourtant, il les a toutes côtoyées, passant de la colère a l’incompréhension, de la déception à la tristesse, de la dépression a l’acceptation. Plus ou moins pour la dernière. Mais soit. Un fin sourire étire ses lèvres, rassuré que Juliet change de sujet. « Je suis content aussi, même si c’était inattendu. C’est différent de Philly, mais j’avoue que je me sens bien ici. Cela faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. » Et c’était vrai. L’une de ses serveuses arrive et dépose les assiettes à Juliet et James. « Ouh très bon choix. » affirme-t-il en voyant le plat. « Tu m’en diras des nouvelles. », il lui adresse un sourire cette fois bien plus enjoué. Un sourire de plus en plus rare cette dernière année.
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Juliet Hamilton

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Re: james // tout envoyer en l'air
( Ven 5 Mai - 11:01 )

@james chambers
Ses doigts glissent dans ses cheveux pour ranger une mèche récalcitrante, le rire au bord des lèvres alors qu’elle évoque son débat et sa lutte et son estomac qui a bien failli ne pas être rassasié devant le manque d’originalité de la plupart des restaurants en ville. Et quelle surprise que de découvrir qu’elle connait en réalité le propriétaire des lieux, comme un hasard bien heureux ou un coup de l’univers que de vouloir les remettre sur le chemin l’un de l’autre quand elle aurait bien aimé avoir un contact pour s’excuser du comportement de Katherine, lui assurer qu’il méritait bien mieux, qu’elle aurait pu le soutenir si tant est qu’elle avait été à New York au moment des faits (ce qui n’était pas le cas, en réalité car elle ne l’a appris elle-même qu’à son propre retour de voyage). Elle balaie la réflexion d’un geste souple du poignet. « Bien sûr que je vais l’avoir et même mieux, je prendrai des cartes si tu en as pour les mettre au magasin où je travaille. » De la publicité gratuite et ce, peu importe que la boutique ne soit pas du tout située dans le même quartier de Chicago. « Ah oui ? J’ignorais que trop de choix était mauvais signe… Mais je note, c’est toujours bon à savoir ! Et puis franchement, il n’y a pas besoin d’en avoir cinquante, une spécialité a toujours du succès auprès des clients fidèles et attire les touristes. » Elle parle en connaisseuse, Juliet, pour avoir visité le globe, avoir passé du temps à observer les habitués et les réflexes des autres clients — et pour se connaître, tout savoir de sa propre tendance à se rabattre sur les plats qu’elle connait et qu’elle a approuvé une fois qu’elle a presque tout testé. Elle relève la tête et note finalement le sourire qui éclaire le visage de James, les yeux rendus plus brillants et elle se mord la lèvre pour ne pas se moquer. « C’est toi qui a décidé ou t’as vu ça avec ton chef cuisto’ ? » C’est sans doute l’avantage de connaître le patron d’un restaurant, pouvoir poser toutes les questions qui lui ont souvent traversé l’esprit sans pouvoir avoir d’interlocuteur fiable (ou assez fiable, en tout cas et puis, les seules fois où elle l’a fait, c’était à l’étranger et avec quelques verres dans le nez, alors les réponses sont un peu floues). « Efficace ou juste affamée, vraiment, je crois qu’à ce stade, si tes serveurs m’avaient dit que vos tables étaient comestibles je m’en serai contentée. » Le haussement d’épaule manque de percuter sa mâchoire à sa tête un peu basse, maladresse qui n’aurait rien eu de surprenant venant d’elle, le rire qui éclate cette fois-ci réellement avant qu’elle ne change de sujet, ne l’invite à l’accompagner autour d’un plat, prolonger la discussion encore un peu. « Ah ça, le boulot ça occupe, mais la nourriture eh bien… euh, ça nourrit, en toute logique. » Sourcils qui se froncent et elle tord les lèvres, elle-même perturbée par son manque d’argumentation quand il s’agit de se sustenter quand elle pourrait y passer ses journées entières (et ne rien faire d’autres, très clairement et s’il existe un job où elle pourrait être payée à manger durant des heures, elle n’hésiterait pas une seconde avant de passer le diplôme). Elle ne dissimule pas un sourire victorieux ni le poing levé quand il capitule et décide de lui tenir compagnie pour manger (ce qu’elle préfère, en réalité, elle a toujours trouvé ça triste de manger seule). « Ma meilleure amie vit ici et a traversé une période difficile l’an dernier. Je suis venue pour la soutenir. » Elle choisit de taire son dernier voyage en date qui a foutu un bordel monstre avec Sam et puis son retour à New York et la découverte que son autre meilleur ami avait une petite-amie à des kilomètres de là mais qu’il était heureux (et c’est ce qu’elle veut, qu’il soit heureux, Nee). Non, nul besoin d’évoquer le désastre dans sa vie sentimentale, cet espèce de triangle amoureux intriqué et compliqué et inutile qu’elle cherche à fuir le temps que tout redevienne comme avant — ce qui finira par être le cas, parce que ce n’est pas la première fois qu’elle développe un béguin pour Neelam et s’il est passé une première fois, il passera cette fois encore. « Et comme la ville me plaît bien et que je me dis qu’il est peut-être temps que je me pose et que j’arrête de vadrouiller trop souvent, je me suis dis pourquoi ne pas rester. C’est une belle ville, c’est diversifié, y a pas mal d’activités culturelles… Elle a tout pour me plaire. » Certes, il ne lui en faut pas beaucoup, pour lui plaire, à Ju, encore moins quand il s’agit d’une ville — l’essentiel résidant dans le fait de trouver un toit pour la nuit et une bonne maîtrise de l’anglais par les gens du coin pour qu’elle ne massacre par une langue en essayant de la parler. Et s’ils sont sociables, c’est un chouette bonus sur lequel elle sera loin de cracher, aussi. Alors plutôt que de s’apitoyer sur son sort, elle mentionne celui de James avec Katherine, les raisons qui ont poussé à cette séparation, puis ce divorce et elle ne voit rien, Juliet, de ce raidissement qui le saisit, mais elle devine une émotion cachée par les mots qu’il prononce. « Je sais que je n’y suis pour rien mais… Quand même, tu vois ? C’est pas parce que je suis son amie que ça veut dire que j’approuve ou cautionne ce qu’elle a fait. Et surtout, la façon dont ça s’est passé. » Elle n’ajoute rien de plus, peu certaine de ce qu’elle est en droit de dire dans une telle situation et ce dont il voudrait bien parler, aussi, car elle imagine la blessure encore fraîche, pas totalement pansée et elle ne peut pas prétendre compatir, Juliet, quand elle n’a aucune idée de ce que ça peut faire, que de vivre tout ça. Apercevant son regard las, elle tend une main pour venir se poser sur celle de James, brièvement, lui serre les doigts, lui offre un maigre sourire avant de ramener sa main à elle et de changer de sujet. « Il doit moins souvent pleuvoir. Quoiqu’il pleut pas mal quand même, » glousse-t-elle à l’instant où les assiettes sont déposées devant eux et elle zieute le plat commandé par James, Juliet, trop curieuse. « Avec plaisir même si je dois reconnaître que maintenant que je vois ton assiette, je sais quel sera ma prochaine commande la prochaine fois que je viendrai. » Fourchette en main, elle entame son plat, n’en perd pas une miette et laisse s’exprimer un petit soupir de satisfaction. « Hm, ch’est trop bon ! Tu félichiteras ton chef de ma part. » Non pas qu’elle soit bien difficile quand il s’agit de se remplir l’estomac. Elle attend de ne plus avoir la bouche pleine pour reprendre. « Et du coup, comment ça se fait que toi, tu te sois retrouvé à Chicago ? C’était voulu ou un hasard ? » Elle imagine qu’il y avait une volonté de mettre de la distance entre Katherine et lui — mais sait New York être suffisamment étendue pour ne pas avoir besoin de changer d’Etat.
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