eliott › help me find your hand

one. haut, bas, haut, bas. mom, how come we don't have any money left when the month before we had plenty? le silence pour toute réponse, les yeux qui se baissent. les mots confus du père qui revient, le lendemain soir, les mains pleine de billets. l'incompréhension, la suspicion tandis que le schéma se répète, jour après jour, semaine après semaine. l'argent ggné est perdu en une soirée, eliott ne comprend pas tout de suite jusqu'à entendre, l'oreille collée contre la porte de la chambre de ses parents. des parties de poker enchaînées, des grosses mises balancées après avoir un gagné un soir, trop de confiance et tout dégringole. ça recommence, pourtant, et l'instabilité du foyer reagan devient la seule chose stable qu'ils connaissent. se sacrifier pour ne pas risquer de perdre ce qu'il n'a pas encore, se sacrifier pour être certain que même si le père perd, ils auront assez pour le loyer et la nourriture. agilité intellectuelle quand il s'agit de gestion financière, bien obligé, quand le père en est incapable, que la mère fait de son mieux mais que ça ne rattrape rien. two. dans la vitrine d'un magasin, la caméra de ses rêves. un vieux modèle imposant et hors de prix, relique du passé, étalée pour les curieux, amateurs et collectionneurs. le regard d'eliott toujours attiré, le nez collé contre la vitre fraîchement lavée, la buée formée par son souffle contre celle-ci, les empreintes de ses doigts à côté. il en a rêvé, toujours en silence, sans jamais oser demandé. trop frivole, trop incertain qu'ils puissent se le permettre. sept mois à passer devant, vérifier sa place, son prix. jusqu'à ce qu'elle n'y soit plus. la déception aura fait retomber son coeur lourdement dans sa poitrine, la gorge nouée. dégoûté. quand il rentrera le soir après les cours, deux semaines plus tard, la caméra installée sur son lit, le sourire de sa mère aux coins des lèvres. une alliance improbable entre celle-ci et le gérant du magasin, seul témoin de l'amour d'eliott pour l'objet, quelques manigances chuchotées et il obtient ce qui achèvera de le passionner. three. la caméra toujours avec lui, dans un sac lourd, prêt à la sortir pour enregistrer des instants fugaces. comme fusionné avec celle-ci, à en prendre soin, chercher le moindre prétexte pour l'utiliser, s'entraîner et surtout, s'améliorer. un seul désir, alors, énoncé à voix haute lors d'un dîner avec ses parents. intégrer une prestigieuse école de cinéma, chicago ou ailleurs, peu importe, tant que lui sont enseigner les rudiments du monde artistique, tant qu'il apprend tout ce qu'il y a à savoir sur les caméras, les plans, les méthodes. du maquillage au choix de casting, de l'écriture de scénario au montage final. le silence du doute, les promesses qui suivent. la mère qui économise, le père qui ne se rend plus aux soirées jeux pour ne pas flamber l'argent. le rêve inatteignable finalement en visu, il pourrait le toucher des doigts, il y croit. et tout s'effondre. four. la disparition du père et avec lui, l'argent économisé jusqu'à présent. un mot qui viendra plus tard, carte envoyée de las vegas. la trahison amère, la mère qui s'excuse, fond en larmes, promets de mais eliott balaie tout d'un geste de la main. not her fault. jamais sa faute à elle. il n'y aura pas d'école de cinéma, tant pis. les études abandonnées après le lycée pour bosser dans une supérette afin d'aider la mère. poste mal payé, clients infects, il encaisse l'argent et les critiques désobligeantes, profite du petit salaire pour acheter quelques livres sur le monde qu'il affectionne. l'opportunité en 2017 sous la forme d'un poste de projectionniste dans un petit cinéma. il saute sur l'occasion, obtient le job et touche son rêve avec la pulpe de ses doigts.

vrac. tous les soirs, il étudie des livres sur le monde du cinéma, dévore internet, envoie des milliers de mails pour en apprendre toujours davantage sur l'univers qui l'intéresse et le passionne. grand auto-didacte, il apprend seul de ses erreurs et ne perd pas espoir de se faire une place, un jour. // grand fan du cinéma muet et des 80's. rêve de travailler avec steven spielberg et wes anderson, ses deux réalisateurs préférés. // profite de son job au cinéma pour inviter ses crush à voir des séances privées ; il a toujours dans l'idée d'en profiter pour faire un move (et potentiellement finir par les ramener chez lui) mais il choisit des vieux classiques en noir et blanc à leur diffuser et il se fait prendre dans le film. chaque tentative se solde donc par un échec, ses crush frustrés qu'il se soit plonger dans un film ringard et lui, obnubilé par la réal. // a déjà rédigé des scripts pour des courts-métrages et débuté une dizaine de scripts pour des films (parfois des adaptations de romans) qu'il n'a jamais fait lire et dont il ne parle à personne. // hormi sa bande de potes qu'il traîne avec lui depuis l'enfance, il n'a jamais vraiment eu de relation très meaningful. aucune relation amoureuse de longue durée (quelques mois, en général, parce qu'il se dissipe vite, eliott). // il n'a plus eu de nouvelles de son père depuis des années ; ce dernier continuait de lui envoyer des cartes régulièrement, puis plus aucune. eliott les a toutes conservées même s'il n'en plus lu aucune depuis la première de vegas. // n'a jamais osé se mettre derrière la caméra pour autre chose que filmer des soirées ou faire des plans en se promenant. // a embauché un détective il y a trois mois pour retrouver son père, inquiet de ne plus recevoir de cartes de sa part mais n'a jamais lu les résultats trouvés par ce dernier de peur que sa mère l'apprenne et s'en trouve effondrée.