Nobody hurt me like she did [Aubrey]

J’avais quitté l’appartement de Maia le cœur en miette en apprenant qu’elle m’avait trompé. Plusieurs jours étaient passé et mon cœur était toujours aussi en miette. Pour éviter que Mason me pose trop de question j’étais parti me réfugier chez Ryan. Dormir chez mon frère ce n’était pas l’idéal, mais au moins il avait l’avantage de ne pas me poser trop de question, ni de me ménager. Que mon petit frère me menace de me priver de nourriture si je n’allais pas travailler était assez drôle quand même. Alors la journée je faisais un effort pour être au moins vivant devant les clients, mais après j’abandonnais tout. Je ne savais pas dans quel état se trouvait Maia actuellement, mais j’imaginais que ce n’était pas beaucoup plus reluisant que moi. J’avais besoin de parler avec quelqu’un, quelqu’un autre que Ryan. Même s’il était de mon côté, sa compassion était limité et l’entendre dire toutes les 10 minutes qu’il avait une idée excellente pour un nouveau business était usant.
Je savais que j’avais besoin de parler à Aubrey, mais je ne voulais pas l’embêter. Elle venait d’avoir Tom, Maia avait sûrement du lui parler également de notre situation et donc la dernière chose dont elle avait besoin c’était que je vienne chez elle avec ma déprime. Pourtant après plusieurs jours à ruminer mon cœur brisé, je me décidais à lui envoyer un message « J’ai besoin de toi » Autant de sérieux venant de ma part, c’était presque un appel à l’aide. Le deuxième suivait presque instantanément « Je peux venir avec la glace ? » La réponse d’Aubrey ne se faisait pas attendre et elle m’invitait à venir quand je voulais. Il ne m’en fallait pas plus et je quittais l’appartement de Ryan pour passer rapidement nous acheter nos glaces préférés et en arrivant chez Aubrey comme à mon habitude j’entrais sans frapper. Seulement je ne faisais pas autant de bruit que d’habitude au cas où Tom serait en train de dormir. Elle était d’ailleurs dans le canapé avec lui et je souriais de la voir comme ça. Jamais je n’aurai imaginé Aubrey avec des enfants et pourtant la maternité semblait l’avoir complètement changée. Elle s’était adoucie, revue ses priorités et cela lui allait bien. « C’est vraiment l’être le plus merveilleux de la terre » Et elle pouvait être fière d’avoir conçue cette merveille. « Jeffrey est là ? Je savais pas ce qu’il aimait alors j’ai pris un peu de tout » Et s’il était pas là, alors cela n’en ferait que plus pour nous deux. « Comment tu vas ? Comment va Tom ? » Je n’osais pas encore le prendre dans mes bras, même si j’étais son parrain. Je laissais encore ce privilège aux parents. J’étais venu pour parler de moi, de mes problèmes et pourtant pour l’instant je faisais tout pour ne pas les aborder.  

@Martin Palmer

Depuis son retour de la maternité, Aubrey vit dans une petite bulle hors du temps. Elle ne pense qu’à sa famille, à Tom et Jeff qu’elle aime plus que tout au monde. Si on lui avait dit un an plus tôt qu’elle deviendrait maman, elle n’y aurait jamais cru. Il y a encore des jours où elle se sent flotter dans un monde irréel. Mais elle est heureuse, apaisée, épanouie. En grande partie grâce à Jeff, qui se montre incroyablement présent pour elle et pour leur fils. Plus les jours passent, plus elle tombe amoureuse de lui. Cet homme est exceptionnel. Ils ont aussi énormément de chance avec Tom. Un petit bébé calme et adorable. Un petit bébé qui grandit un peu trop vite au goût d’Aubrey, d’ailleurs. Les jours défilent à une vitesse folle et elle le voit changer jour après jour. Parfois le portrait craché de son père, parfois celui de sa mère. Aubrey passe littéralement des heures à le regarder dormir, déjà bien trop habitué au point de son minuscule corps contre le sien, facilement inquiète quand il affiche une nouvelle expression ou émet un nouveau bruit. Aubrey se découvre une nature très protectrice envers Tom, parfois peut-être un peu trop. Elle espère qu’avec le temps, elle apprendra à doser ce côté maternel qu’elle n’aurait jamais soupçonné chez elle. Pour son propre bien à elle, mais aussi et surtout pour celui de Tom.
Perdue dans la contemplation de son fils, elle le quitte des yeux un bref instant le temps de lire le message qu’elle vient de recevoir de la part de Martin. Sa réponse est envoyée dans la foulée. Même si ses priorités ont radicalement changé, elle n’oublie pas ses amis. Ils ont été sa seule famille pendant très longtemps, et elle n’est pas prête à leur tourner le dos. Aubrey est au courant de ce qui s’est passé entre Martin et Maia. Pour autant, elle a préféré rester en dehors de l’histoire. Elle éprouve autant d'affection et de respect pour Maia que pour Martin et ne veut pas minimiser ce que l’un ou l’autre ressent. Ce n’est pas ce qui l’empêche d’être une oreille attentive pour les deux - surtout quand on lui promet de la glace en échange.
Martin débarque chez elle une petite heure après qu’elle l’ait invité à venir. Un grand sourire radieux illumine son visage quand il arrive dans le salon. « Oui, on est bien d’accord sur ce point. » Aubrey se sent toujours émue lorsque son entourage s’émerveille devant son bébé. Cela ne peut la rendre que plus fière de l’avoir mis au monde. « Il est sorti faire quelques courses. Je pensais que la glace n’était que pour nous ? » Un petit sourire taquin prend place sur ses lèvres. Doucement et en gardant Tom contre elle, Aubrey se lève du canapé pour se rendre dans la cuisine, suivi de très près par Martin. « Un peu fatiguée, les nuits sont un peu compliquées, mais ça va. Tom va bien aussi comme tu peux le voir. Il ne fait que dormir et manger, c’est la vie qu’on rêve tous de mener. » A l’aide de son pied, elle ouvre le congélateur pour qu’il puisse y ranger la glace. « Et toi ? Comment tu te sens ? Maia m’a raconté ce qui s’était passé. » Aubrey ne prend pas de gants. Elle sait pourquoi il a besoin d’elle, et tourner autour du pot ne sert à rien. « On peut retourner au salon si tu veux. Je voulais juste nous prendre à boire. » Malgré l’arrivée de Tom dans sa vie et l’emménagement de Jeffrey, Martin ne perd pas ses habitudes. Il connaît les placards par coeur, trop habitué à squatter chez elle à l’époque où elle vivait encore seule.

Aubrey n’était pas dupe sur la raison pour laquelle j’avais besoin d’elle et besoin de lui parler. Je me doutais que Maia avait du se tourner vers la blonde pour lui raconter nos problèmes actuels, et si j’étais curieux de savoir ce qu’elle avait pu raconter à Aubrey, je savais aussi que je ne poserais pas la question et qu’elle ne me dirait rien non plus. Avec Aubrey on avait toujours pu compter l’un sur l’autre dans les moments compliqués, mais c’était quand même beaucoup plus drôle quand on pouvait se vanner à longueur de journée. En arrivant chez elle, je faisais comme chez moi, j’entrais et j’allais le retrouver dans le canapé où elle était en compagnie de Tom et évidemment je ne pouvais m’empêcher de m’extasier sur la beauté de cet enfant. Avec Jeffrey il avait fait du bon boulot, et j’étais un parrain très fier. Je m’inquiétais de la présence du nouveau papa, mais de toute évidence il n’était pas là. « Evidemment que c’est pour nous, mais cela n’aurait pas été très courtois de ma part de venir sans glace pour lui aussi vois-tu » Je n’aurai pas voulu qu’il se sente mis de côté, même si je comptais parler à Aubrey. Je la suivais dans la cuisine alors qu’elle était en train de ranger la glace, me demandant pourquoi elle n’avait pas voulu me laisser faire. Je prenais aussi de ses nouvelles, parce que c’était plus simple que de parler directement de ce qui m’amenait. « J’avoue je suis un peu jaloux de ne pas avoir le même rythme » Surtout en ce moment où le sommeil me fuyait quelque peu. Je souriais quand elle me retournait la question, indiquant de but en blanc que Maia lui avait parlé, comme je m’en doutais. « Tu sais aussi que tu aurais pu rester dans le salon pendant que je me chargeais de tout ramener ? » Ce n’était pas comme si j’étais un inconnu dans cette maison. J’étais venu tellement souvent que je la considérait comme ma maison secondaire, ou peut-être tertiaire, je n’avais pas encore établi de classement. Je me laissais tomber dans un fauteuil, alors qu’Aubrey reprenait sa place dans le canapé. « Et pour répondre à ta question ça ne va pas bien » Je ne voulais pas minimiser ce que je ressentais, surtout pas après ce qu’il s’était passé. « Je suis complètement paumé Aubrey » Je rejetais la tête sur le dossier du fauteuil en fermant les yeux. « Elle est la mieux placée pour comprendre ce qu’on peut ressentir quand on se fait tromper. Enfin je veux dire elle est resté avec un homme marié et pourtant elle me trompe » Pourtant je pensais que depuis qu’on l’avait annoncé à sa famille tout allait bien entre nous, mais de toute évidence je me trompais sur toute la ligne. « Je l’aime Aubrey, si tu savais comme je l’aime, mais je sais pas comment lui pardonner » Dès que je fermais les yeux j’avais des images de Maia avec un autre homme, se moquant de moi et de ma naïveté, mon ignorance. C’était aussi pour cela que j’étais venu voir Aubrey. Peut-être qu’elle aurait des réponses à m’offrir ou que les choses seraient plus claires grâce à elle.