killigan// let you love me

// when i think about your love, all the stars light up around me, i feel your presence in the wind and i know that you love me [ blake mcgrath, let you love me ]
— @aubrey milligan

@Jeffrey King

Aubrey ne parvient pas à quitter son fils des yeux, à la fois émerveillée et inquiète. Émerveillée par ce petit être qu’elle aime désormais bien plus que sa propre vie, et inquiète à l’idée que quoi que ce soit ne lui arrive. Inquiète aussi à l’idée qu’elle ne s’en sorte pas, qu’elle ne sache pas s’occuper de lui comme elle le devrait. Inquiète à l’idée de ne pas être à la hauteur, tout simplement. Malgré l’impatience de rentrer à la maison, Aubrey se sentait en sécurité à la maternité. Elle était entourée par des infirmières et médecins compétents, toujours prêts à la rassurer et à s’assurer de ses bons gestes avec son bébé. Pendant plusieurs jours, elle a vécu avec son fils dans un petit cocon bien protégé, avec quelques visites parfois pour lui rappeler le monde extérieur. Aubrey ne se serait pas opposée à l’idée d’y rester un peu plus longtemps, jusqu’à ce qu’elle soit assez confiante pour en sortir. On lui a promis que tout se passerait bien, Jeff le premier, et elle a une confiance aveugle en lui, en cet homme qu’elle aime démesurément. Alors ils ont signé les papiers, et ils sont sortis de l’hôpital telle la famille qu’ils sont désormais. Aubrey a l’impression de vivre une situation irréelle. Jeffrey au volant de la voiture, et elle, assise sur le siège passager, le regard rivé sur leur fils installé à l’arrière. Jamais elle ne pensait en arriver là un jour, jamais elle ne pensait devenir maman d’un petit garçon merveilleux. Aubrey n’était pas sûre de le vouloir, d’ailleurs, et a considéré avec Jeffrey de faire adopter cet enfant. Jusqu’à ce qu’elle s’attache à lui de manière incompréhensible en le sentant bouger dans son ventre. Elle sait que ses angoisses et ses peurs ne disparaîtront pas en un claquement de doigt, qu’il lui faudra du temps avant qu’elle soit habituée à cet énorme changement dans sa vie, mais elle est loin de regretter son choix d’avoir voulu garder son bébé. Au contraire. Quand elle le regarde, elle ressent principalement de l’amour et de la joie. Puis le sourire de Jeff depuis la naissance de leur fils vaut tout l’or du monde. Son accouchement a été au moins autant éprouvant que la grossesse en elle-même, mais elle croit pouvoir affirmer qu’elle est heureuse.
Jeff la tire de ses pensées en annonçant leur arrivée. Elle tourne  doucement la tête vers la maison tandis que Jeff pose un regard attendri sur Tom. Un mince sourire étire les lèvres d’Aubrey. Il s’agit d’une vision dont elle ne se lassera jamais. Quand il reporte son attention sur elle, les mots qu’il prononce réveille en elle une multitude de sensations. « I love you too. » Il a été extraordinaire ces derniers jours. Elle ne se souvient que vaguement de l’accouchement, trop sonnée par la douleur et tout le reste. Pourtant, elle se connaît assez pour savoir qu’elle n’a pas dû être tendre envers Jeff. Il ne l’a abandonné à aucun moment, ni avant l’accouchement quand elle n’en pouvait plus de porter cet énorme ventre, ni pendant alors que les contractions la faisaient se tordre de douleur, ni après alors qu’elle a pleuré pendant des heures parce qu’elle ne savait pas si elle faisait le bon choix. Son amour pour lui n’a fait que grandir un peu plus. Ses gestes et son baiser sont incroyablement doux, ils lui font un bien fou. Elle aimerait profiter de ce moment encore un peu, profiter de cette petite bulle qui n’appartient qu’à eux. Les parents de Jeff l’en empêchent en sortant de la maison pour venir à leur rencontre. Elle laisse échapper un rire. « Oh they probably will, my love. » Parce que la naissance de Tom n’a pas réchauffé que leurs cœurs. Ses beaux-parents n’ont d’yeux que pour lui. Aubrey sort du véhicule et ouvre la portière pour récupérer son fils. La mère de Jeff la rejoint rapidement et elle voit à sa main tendue qu’elle n’attend qu’une chose : porter son fils. Elle échange un bref regard avec Jeffrey et fait comme si elle n’avait pas vu cette main tendue. Aubrey ne veut pas passer pour une horrible belle-fille en refusant de donner son enfant, mais cette envie de le protéger est trop forte, plus forte que tout. Elle maintient son bébé contre elle et remonte l’allée de la maison. Le simple fait de passer le pas de la porte avec son fils dans ses bras lui procure un sentiment bizarre qu’elle ne saurait décrire. En achetant cette maison, Aubrey pensait y vivre seule encore quelques années. Aujourd’hui, elle y vit avec sa famille à elle. Son regarde se pose sur son beau-père qui semble s’inquiéter pour elle. « I am, and I definitely wouldn’t say no to a nap right now, » dit-elle en émettant un léger rire. Elle doit sa fatigue aux nuits mouvementées et coupées, autant qu’à son accouchement qui a été éprouvant. A cela s’ajoute des douleurs au niveau de son bas-ventre, à cause de la cicatrice laissée par la césarienne qui tire dès qu’elle fait un mouvement trop brusque. Aubrey rejoint le salon, suivie de très près par les parents de Jeff. Ils veillent tous les deux à ce qu’elle ne manque de rien, à ce qu’elle soit confortablement installée dans le canapé. Depuis le premier jour de leur rencontre, ils sont constamment à ses petits soins. Aubrey ne les remerciera jamais assez d’être à ce point adorables. Assise en tailleur sur le canapé avec Tom, elle est entourée de coussins et sa belle-mère se dépêche de lui apporter un verre d’eau. « Thank you. » Ils restent un long moment dans le salon à discuter encore du bébé, des changements à venir, de l’organisation. Des discussions qui angoissent Aubrey mais qui la soulagent aussi. Elle a besoin de savoir qu’elle n’est pas seule et bien que la présence des parents de Jeff risque d’être étouffante par moment, Aubrey se sent rassurée de les savoir à proximité. « I think it would be nice to organize something with my parents as well someday, » annonce-t-elle en berçant son fils. « They would be mad at me if I don’t invite them while you’re staying here with us. I could tell them to come over for lunch or dinner whenever they can. What do you think? » La mère de Jeffrey se montre incroyablement enthousiaste à l’idée d’un repas de famille. Aubrey n’est pas friande de ce genre d’événement, surtout par lorsque ses parents sont impliqués, mais puisqu’ils forment désormais une famille, les présentations officielles lui semblent de rigueur. « Can I hold him for a bit ? » Les lèvres scellées, Aubrey esquisse un semblant de sourire et hoche doucement la tête. La seconde suivante, la mère de Jeffrey lui retire Tom avec délicatesse, émerveillée par son petit-fils. La main d’Aubrey recherche aussitôt celle de Jeffrey pour la serrer de toutes ses forces.