we're all goofy goobers (Esras)

@Esras Whelan

Le vol de Jay est retardé de plusieurs heures, d’où son arrivée tardive à Chicago. Lui qui pensait pouvoir profiter de la soirée pour se détendre et se remettre de son voyage d’affaires en se faisant livrer à manger devant un film ou une série, il doit revoir ses plans. Le voyage a été long et pénible. La seule chose dont il a vraiment envie, c’est de fusionner avec son lit. Jay se réjouit de n’avoir pris qu’un petit bagage en cabine, parce qu’il ne pense pas qu’il aurait eu la patience ou le courage d’attendre la restitution d’un bagage en soute. Quitter l’aéroport au plus vite et sauter dans le premier taxi devient son objectif principal. Malheureusement, la descente de l’avion prend elle aussi beaucoup plus de temps que nécessaire. Jay s’impatiente et s’agace. Il jette plusieurs regards furieux à son téléphone, comme si guetter l’heure toutes les trente secondes allait changer quelque chose à la situation. Enfin, les portes de l’avion s’ouvrent et les passagers sont relâchés de l’appareil. Jay se précipite hors de celui-ci en essayant de laisser derrière lui son agacement. Le froid glacial n’aide pas, mais la perspective de bientôt rentrer chez lui le rend un peu heureux.
Jay sort du taxi soulagé. Ce n’est plus qu’une question de minutes avant qu’il ne puisse enfin retrouver le confort de son appartement. Clés en main, il avance en trainant sa valise derrière lui. Jay s’engouffre dans l’ascenseur et en ressort quelques minutes plus tard à son étage. Alors qu’il insère la clé dans la serrure de la porte de son appartement, Jay est surpris de constater qu’elle n’est pas verrouillée. Il est pourtant certain de l’avoir fait avant de partir trois jours plus tôt. Ses sourcils se froncent et il sent un léger vent de panique se lever sur lui. Un cambrioleur aurait certainement défoncé sa porte, or elle a l’air intact. Jay ouvre la porte en restant sur ses gardes. Les battements de son cœur s’accélèrent en découvrant la lumière allumée à l’intérieur. « C’est quoi ce bordel ? » qu’il murmure pour lui-même. Quelqu’un squatte son appartement. Jay laisse la porte d’entrée ouverte, délaisse sa valise dans le hall d’entrée, et attrape le premier objet qu’il trouve : un parapluie. La lumière provient de la cuisine. Il se dirige lentement vers cette pièce. Jay ignore d’où lui vient son courage. Toute personne sensée aurait prévenu les flics. Apparemment, il n’est pas sensé. Jay fait irruption dans la cuisine en brandissant son parapluie vers l’avant. « Putain sa mère, » s’écrie-t-il en sursautant. Le squatteur a un nom, le squatteur s’appelle Esras. Et le squatteur utilise sa cuisine dans le plus grand des calmes, visiblement lui aussi effrayé par la présence de Jay. « Tu m’as foutu les boules, » lâche-t-il la main contre le cœur. Il pose le parapluie contre le mur et retire sa veste qu’il dépose sur le dossier d’une chaise. « J’ai presque failli m’excuser de t’avoir fait peur mais en fait, j’suis un peu chez moi. » Maintenant que la pression redescend, Jay s’autorise à rire. « [color:961e=#990000 ]Tu pourrais quand même prévenir quand tu squattes ici frérot. » Ce n’est pas tant que ça le dérange, absolument pas – il a une confiance aveugle en Esras. Il préférerait juste éviter l’infarctus en rentrant chez lui après plusieurs jours d’absence.

@jay carrington

Il a peint toute la journée. Plus, une partie de la nuit précédente, enfermé dans une bulle solitaire qui lui permet pleine concentration, pleine inspiration aussi. Il n'a pas encore osé se soumettre à sa propre critique, refermant presque tout de suite la porte sur ses travaux (après avoir ouvert une fenêtre pour l'odeur de peinture) pour aller prendre l'air et envisageant même de ne pas retourner chez Jay avant quelques jours, comme pour être sûr de ne pas être tenté de regarder, et puis d'en rajouter, et de chercher une perfection inexistante et inatteignable. Mais il revient, et avec quelques courses, parce qu'il a l'air de rien un peu vidé les placards et le frigo de son pote, et puis parce qu'il peut bien lui laisser de quoi manger pour son retour. Il a opté pour des lasagnes, et c'est ce qu'il est en train de préparer lorsqu'un bruit se faire entendre dans l'appartement. Il devrait savoir qu'il s'agit du propriétaire des lieux, mais c'est l'irrationnel qui lui vient en premier. Parce que la personne se fait discrète et que ce n'est pas bon signe, non, quand on est chez soi. Il suffit de quelques secondes à son esprit pour s'enclencher, et s'affoler. Il attrape le poivrier qu'il a sous le nez, et brandit un couvercle de casserole. Lorsqu'une forme apparaît brusquement à quelques mètres, il jette de toutes ses forces (et complètement à côté) le poivrier dans sa direction en criant il ne sait quoi. Puis il reconnaît Jay. « OH MY... » L'autre y va lui aussi d'un cri et les voilà démasqués et rassurés. Il repose son arme, Esras, et constate que celle de son ami n'était pas un choix bien plus réfléchi. « Je viens de perdre dix ans de ma vie. » Il est un brin essoufflé, main droite au niveau du coeur dans un geste similaire à celui de Jay. « T'as de la chance que je vise mal », remarque-t-il en grimaçant, et il va récupérer sa maigre protection, tombée loin derrière l'endroit où se trouvait la fausse menace, et heureusement encore en un seul morceau. Jay reprend, et il n'a évidemment pas tort, cette issue (et cette frayeur) aurait pu être évitée par un message, un simple heads up. Mais l'on commence à savoir que ce n'est pas son fort, Whelan. « Je sais, je sais, c'est ma faute, pardon. Je voulais cuisiner pour toi et te faire une surprise. » Il désigne le plat déposé sur le plan de travail, quasiment prêt à être enfourné. « C'est plutôt réussi, pour la surprise, en soi », qu'il relève, maintenant que les cœurs ont cessé de battre à tout rompre et que le malentendu est suffisamment dissipé que pour devenir drôle. Une énième anecdote. « Du coup... t'as faim ? T'as fait bon voyage ? » On pourrait croire qu'il vit là, Esras, et accueille régulièrement un colocataire après ses voyages. Sauf qu'il squatte, clairement, et beaucoup plus souvent que la décence ne le voudrait.

@Esras Whelan

Jay ne s’attendait pas à ce que son appartement soit habité en son absence et, loin de penser qu’Esras ait pu utiliser le double des clés pour s’approprier les lieux, il redoute la présence d’un squatteur chez lui. L’immeuble dans lequel il vit n’est pas forcément le plus sécurisé et sa porte d’appartement ne résisterait probablement pas à un coup de pied envoyé à pleine puissance. Mais il l’aurait vu, si quelqu’un avait défoncé sa porte. Alors quand il découvre Esras dans la cuisine, il se sent bête de ne pas avoir pensé à lui. De toute évidence, son pote ne pensait pas à ce qu’il rentre aussi tôt (bien que pour Jay, il est bien trop tard à son goût). Et s’il a opté pour un parapluie comme arme, il est surpris du choix de son ami : un poivrier. Poivrier qui s’échoue au sol, à quelques centimètres derrière lui. Passée la surprise et la peur de tomber l’un sur l’autre, ils essayent tant bien que mal de calmer leurs cœurs affolés. « Oui, on aurait eu l’air bien con si t’avais dû m’emmener aux urgences maintenant à cause d’un poivrier. Moche, en plus ! » Un léger rire lui échappe. Esras récupère l’objet à même le sol tandis que Jay se met à l’aise en retirant sa veste. Depuis sa séparation, il considère que cet appartement est autant le sien que celui d’Esras. De toute évidence, le garçon se sent tellement bien ici qu’il ne prend même plus la peine de prévenir de son passage, et même si ça ne dérange pas tant que ça Jay, il aurait au moins aimé savoir qu’il ne serait pas seul en rentrant. Cela lui aurait évité de se faire des films, armé d’un parapluie. Mais Esras a cuisiné pour lui, et la nouvelle lui fait rapidement oublier l’incident. « Oooh, » qu’il s’exclame en regardant le plat avec des étoiles dans les yeux. Jay avait abandonné l’idée de se nourrir à cause de son arrivée tardive à Chicago, mais la simple vue de ces lasagnes réveille son estomac. « Je t’ai déjà dit que tu peux squatter ici quand tu veux ? » Si ça peut lui permettre d’avoir des lasagnes en rentrant de chaque voyage, Jay signe immédiatement. « Ah ça, côte surprise… On est bons. » Jay se sert un grand verre d’eau avant de se laisser tomber sur une chaise. « J’suis en train de mourir de faim. J’devais rentrer beaucoup plus tôt et j’avais prévu de me commander à manger mais mon vol a été retardé. T’imagines pas à quel point je suis heureux de te voir ici avec un plat de lasagnes. » Étant donné son appétit, il ne serait pas surpris d’en manger la moitié. « Ça va toi ? Ça fait longtemps que tu squattes ici ? » Jay n’a pas encore fait le tour de son appartement, mais il ne serait pas surpris de découvrir les affaires d’Esras éparpillées un peu partout. C’est presque normal pour Jay, qui s’est habitué à la présence irrégulière de son pote. Et s’il y en a pour qui ce serait invivable, Jay s’en fiche. Il connaît Esras depuis tellement d’années qu’il a une confiance aveugle en lui. Accessoirement, la présence d’Esras dans cet appartement lui fait du bien. Ça lui évite de voir son ex partout où ses yeux se posent.